La photographie est une forme d’art capable de figer les émotions du moment. L’évolution de cet art a influencé le monde de manière remarquable et a fourni aux gens le pouvoir de définir les époques dans lesquelles ils vivaient.

Plusieurs clichés ont défini notre identité en tant qu’êtres humains et nous ont permis de nous regarder sous un angle différent : où allons-nous en tant que société ? Pourquoi permettons-nous des atrocités ? Cependant, pour vraiment ressentir l’influence et le véritable impact de la photo, il faut connaître le contexte. Ipnoze a dressé pour vous une liste de photographies apparemment banales et peu spectaculaires accompagnées d’histoires remarquables, inoubliables, étranges et tristes.

1. Les trois héros méconnus de Tchernobyl

Sans ces trois hommes sur la photo, Alexei Ananenko (deuxième à gauche) et les soldats Valeri Bezpalov (au centre) et Boris Baranov (tout à droite), des millions de vies auraient été perdues lors de la catastrophe de Tchernobyl. Dix jours après la fusion, le système de refroidissement à l’eau de l’usine était en panne et une piscine s’était formée directement sous le réacteur hautement radioactif. Sans refroidissement, la substance ressemblant à de la lave aurait pu facilement fondre à travers les barrières restantes, laissant tomber le coeur du réacteur dans la piscine. Si cela avait été le cas, cela aurait déclenché des explosions de vapeur, projetant des radiations dans le ciel qui se seraient propagées dans certaines parties de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique. Sur la photo, les ingénieurs Alexei, Valeri et Boris se sont portés volontaires pour plonger dans les eaux et drainer le fluide près du réacteur lors de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl à Pripyat, en Ukraine, en 1986. La mission a été un succès et les trois héros ont empêché ce qui aurait pu être un événement beaucoup plus dévastateur. Étonnamment et heureusement, les trois hommes ont tous survécu.

2. « Derrière les portes closes »

Le couple sur la photo est Elisabeth et Bengt. La photographe, Donna Ferrato, a appris à les connaître grâce à un projet de photo qu’elle a réalisé sur des échangistes fortunés. Cette nuit-là, en 1982, chez le couple de banlieue, les deux hommes se sont disputés pendant que Donna prenait des photos. La dispute a dégénéré rapidement et vous pouvez voir sur la photo Elizabeth se faire frapper par son partenaire. Donna voulait que les images soient publiées, mais tous les éditeurs de magazines contactés ont refusé. Mais la photographe savait que quelque chose devait être fait et que de telles actions ignobles devaient être révélées. Ainsi, en 1991, elle a publié un livre intitulé « Living With the Enemy » (vivre avec l’ennemi). Le livre faisait la chronique de la violence familiale et de ses conséquences. Le travail de Donna a permis de lever le voile sur le sujet très controversé de l’époque et grâce à elle, en 1994, le Congrès a adopté la loi sur la violence à l’égard des femmes.

3. « Attends-moi, papa »

Une photo touchante, prise par Claude Detloff à Vancouver, alors que des soldats du British Columbia Regiment (Duke of Connaught’s Own) s’en allaient se battre pour la Seconde Guerre mondiale. Les émotions perçues dans le visage et dans le langage corporel des parents et de l’enfant se combinent pour en faire une image inoubliable, figeant à tout jamais le moment déchirant. Heureusement, le père du garçon est rentré sain et sauf en octobre 1945.

4. Chère Amie

Ce pigeon a livré un message d’un bataillon de soldats pris au piège lors de la Première Guerre mondiale, sauvant près de 200 hommes. Elle a été atteinte de quelques balles et a fini par perdre une patte et un oeil. Les soldats ont donné une jambe de bois au pigeon et l’ont baptisé « Chère Amie ».

5. Les gribouillis de Terezka

David Seymour (l’un des fondateurs de Magnum Photos et l’un des principaux photojournalistes du XXe siècle) a pris cette photo inquiétante et mystérieuse dans un foyer pour enfants perturbés émotionnellement situé à Varsovie en 1948. Le but de l’exercice était de dessiner une « maison » au tableau. Pendant que d’autres enfants dessinaient des maisons, Terezka, qui a grandi dans un camp de concentration, avait une idée différente de la maison. On peut seulement se demander ce que représente son dessin, mais il semble que la douleur et les horreurs endurées dans le camp soient clairement visibles dans le regard perçant de Terezka.

6. La plus jeune mère

À l’âge de cinq ans, Lina Medina (née le 23 septembre 1933) a été conduite à l’hôpital par ses parents qui avaient remarqué une croissance abdominale extrême chez elle. Après avoir été examinée par un médecin, une vérité choquante a été découverte : Lina était enceinte de sept mois. Apparemment, Lina était atteinte de « puberté précoce », soit le début précoce du développement sexuel. Lina Medina est alors officiellement devenue la plus jeune mère de l’histoire médicale. Elle a donné naissance à un garçon le 14 mai 1939, par césarienne, son bassin étant trop petit. L’enfant né était en bonne santé et a été nommé Gerardo. Cependant, le père de l’enfant est resté un mystère.

7. Amis d’enfance

Prise par Jacques Gourmelen, la photographie est devenue l’une des images emblématiques de la population bretonne, en France. Le 6 avril 1972 à Saint-Brieuc, des travailleurs de la société Joint Français se sont mis en grève et le CRS (police anti-émeute française) est intervenu. Sur la photo, deux hommes face-à-face : Guy Burmieux, un ouvrier, et Jean-Yvon Antignac, un policier anti-émeute. En fin de compte, ils étaient des amis d’enfance et se connaissaient. Le photographe s’est ensuite rappelé : « Je l’ai vu [Guy Burmieux] se diriger vers son ami et le saisir par le col. Il pleura de rage et lui dit : “Vas-y, frappe-moi tant que tu y es !” L’autre homme n’a pas bougé un seul muscle. »

8. « Bouffée de joie »

« Bouffée de joie » est une autre photographie qui a reçu le prix Pulitzer. Elle a été prise par Slava « Sal » Veder, photographe de l’Associated Press, le 17 mars 1973 à la base aérienne de Travis en Californie. La photo montre le lieutenant-colonel Robert L. Stirm, de l’armée de l’air américaine, en réunion avec sa famille, après avoir passé plus de cinq ans en captivité en tant que prisonnier de guerre au Nord-Vietnam. La vedette de la photo, c’est la fille de Robert, Lorrie, âgée de 15 ans, qui a les bras tendus et un grand sourire sur le visage alors qu’elle court vers son père. « On pouvait sentir l’énergie et l’émotion brute dans l’air », se souvient le photographe. La photographie est devenue un symbole de la fin de l’engagement des États-Unis dans la guerre du Vietnam.

9. Deux frères

Cette photo apparemment amusante et vivante de deux frères, Michael et Sean McQuilken, a été prise à Moro Rock, dans le parc national de Sequoia, en Californie, le 20 août 1975. La photo a été prise par leur soeur Mary quelques secondes avant qu’ils ne soient frappés par la foudre. L’un des frères s’est ensuite rappelé : « À l’époque, on pensait que c’était drôle. J’ai pris une photo de Mary et Mary a pris une photo de Sean et moi. J’ai levé ma main droite en l’air et la bague que je portais s’est mise à faire un bruit si intense que tout le monde a pu l’entendre. Je me suis retrouvé sur le sol avec les autres. Sean s’était effondré sur les genoux et de la fumée sortait de son dos. » Ils ont tous trois survécu, mais Sean, le frère cadet, s’est malheureusement suicidé en 1989.

10. Tadeusz Zitkevits tenant une photo de lui-même

Tadeusz tient dans ses mains la meilleure image de 1987, choisie par le National Geographic, qui montre le Dr Zbigniew Religa surveillant son patient après la première opération de transplantation cardiaque en Pologne, qui a duré 23 heures. Dans le coin inférieur droit, on voit l’une de ses collègues qui s’est endormie après l’opération. Même si l’opération était considérée comme presque impossible à l’époque, le Dr Religa a réussi à sauver Tadeusz Zitkevits qui a même vécu plus longtemps que son sauveur.